600 Km Randonneur
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- Mis à jour : 6 juin 2023
- Écrit par Christophe Bourienne
Samedi 3 et dimanche 4 juin :
En l’occurrence, Comme 77 personnes inscrites, j’avais rendez-vous samedi dernier pour prendre le départ du Brevet des Randonneurs Mondiaux de 600km organisé par le Cercle Jules Ferry. Quoi de mieux pour célébrer la journée internationale de la bicyclette que de parcourir ce Voyage au Centre de la France ?
Après le contrôle des éléments de sécurité, je récupère ma carte de pointage et retrouve avec un énorme plaisir mon ami Joël. Débutant dans la discipline Joël m’a accompagné sur tous les BRM ; c’est mon coach ! Eric, sociétaire du CJF, est bien évidemment là aussi ; c’est celui qui m’a incité, avec Joël et Christophe, à enchainer ces brevets. Enfin, je prends le temps de discuter avec le propriétaire du vélomobile qui me détaille son engin qui m’avait déjà impressionné lors du 400.
Nous partons à l’heure pile et traversons Fleury puis St Jean le Blanc. Une rigole liée à des travaux est fatale à au moins 3 chambres à air. Un des trois participants ne repartira pas.
Rapidement, nous constituons un groupe de 6-7 participants et partageons sur nos expériences passées, sur leurs Paris-Brest-Paris. Avec Joël nous rompons cette bonne entente en nous arrêtant pour immortaliser le château de Sully/Loire. Puis nous repartons et jouons à cache-cache avec la Loire. Nous connaissons très bien tous deux ce parcours que j’adore.
A Poilly les Gien, le vélomobile nous double. Nous rejoignons alors Jackie que nous croisons sur tous les BRM. J’ai beaucoup échangé avec lui. Il est impressionnant car il fait des brevets quasiment toutes les semaines et il s’y rend et y revient à vélo ! Lors des brevets, il ne s’arrête quasiment pas et se nourrit exclusivement de liquides. Habitant à Lyon, il maitrise parfaitement ce parcours qui longe le fleuve royal et m’a montré ses lieux de villégiature lorsqu’il vient sur notre région.
En parallèle une véritable frustration naissait en voyant les noms des vignobles locaux s’enchainer en bord de route et les fermes qui commercialisent des fromages de chèvre.
A partir du Bec d’Allier, j’ai particulièrement souffert de la chaleur ; des pieds bouillants à la tête. D’ailleurs, j’aurais bien piqué une tête dans l’écluse circulaire d’Appremont que je ne connaissais pas.
Nous avons poursuivi le périple vers le centre de la France avec la traversée de Bruère-Allichamps où la tartelette au citron dégustée était tout simplement succulente. Puis se sont enchainés d’autres villages traversés dits centraux : Saulzais le Potier et Nassigny.
La température devenait alors très agréable et permettait de supporter les différents bosses qui s’enchainaient. Elles furent notamment la raison de l’abandon d’un participant de Rambouillet.
Nous nous sommes posés sur la place du village à Huriel pour dîner où Jackie nous a rejoints. Nous avons demandé à une dame qui fermait ses volets si elle pouvait remplir nos bidons. Quelle ne fut pas surprise lorsqu’elle apprit que nous allions rouler toute la nuit ! L’échange avec le Rambolitain inquiet des modalités de son retour, me permit de lui indiquer qu’un train direct Montluçon-Orléans existe et Montluçon ne se situait qu’à 12km. A Huriel, j’ai aussi une pensée pour ma prof de français du collège. Je ne l’appréciais pas vraiment mais son livre préféré était Le grand Meaulnes d’Alain Fournier.
Habillés pour la nuit, nous reprenons la route dans la quasi pénombre ; le ciel étant bien couvert. Nous passons devant un bar-boite de nuit où les jeunes, autant dehors que dedans, nous saluent un peu bruyamment… mais avec bienveillance.
Puis les bosses continuent de s’enchainer. J’entends Joël pester. Je me rapproche de lui et il m’explique qu’il s’endort sur son vélo. Je l’oblige alors à s’arrêter dès le premier village et il s’installe sous le porche de l’église de Saint Romain d’Urciers pour roupiller. Je m’allonge sur un banc pour en faire de même mais sans succès. Un chien à proximité et nous ayant entendu n’a pas arrêté de japper. Je n’avais qu’une envie : lui dire « Médor, tais-toi et dort ! ». Au bout d’une demi-heure, Joël se relève et nous repartons sous la pleine lune qui perce enfin.
Aux alentours de minuit, j’aperçois un premier participant entrain de dormir sous un abribus. Ce sera le premier d’une série, tantôt allongés dans l’herbe ou affalés le long d’un arbre.
La campagne est calme. Comme au 400, le coassement des grenouilles est bien présent. Je distingue aussi un cochon dont le grognement est parvenu jusqu’à mes oreilles. Aux alentours de 4h00, après avoir passé Crevant, j’ai aussi aperçu un chevreuil sur le bas-côté.
Alors que le jour commençait à bien se lever, la fatigue gagnait une nouvelle fois Joël. Nous nous sommes alors allongés à même le sol sous un abribus et avons fait une bonne nuit de 45 minutes. Il est un peu plus de 6h. Requinqués après avoir également avalé quelques victuailles, nous repartons sereins mais le vent se lève gentiment et est contre nous. Pour autant nous tenons un très bon rythme. Je m’arrête quand même prendre une photo devant le panneau de St Valentin pour saluer mon épouse à distance.
Nouveau pointage à Ménétréols sous Vatan où il n’y a aucun commerce. Peu importe, nous prenons notre petit déjeuner devant l’église où nous retrouvons quelques participants quand d’autres passent devant nous. Alors nous prenons la direction de Saint Aignan sur Cher avec le vent plus favorable. Les côtes ne sont plus présentes sauf celle au pied du château de Valençay : autant je trouve le château splendide autant j’ai détesté cette montée !
Il est midi et nous arrivons à Saint Aignan. Nous nous installons à l’ombre pour déjeuner. Naïvement, je me dis que le plus dur est fait. Nous prenons le temps de nous restaurer afin d’aborder la dernière ligne droite de 100km.
Repartis, je trouve le vent terrible ! Chaud il me dessèche malgré mes bidons que je vide à un rythme soutenu. Le dicton du 3 juin « Le temps qu’il fait en juin le 3, sera le temps du mois » est plus que vérifié. Je me dis aussi qu’il y a un concept à creuser : créer le guide des cimetières pour les cyclos ! Qui y repose, qualité de l’eau, situation géographique, etc… !!!
Les villages solognots s’enchainent malgré tout. Je peste contre les faux plats, la chaleur, le vent… et même si Joël subit mes jérémiades, il ne dit rien. Sa présence au plus près, ou parfois plus éloignée, suffit à me motiver. Je sais que nous sommes dans les temps. A partir de la Ferté, un nouveau sursaut de dynamisme me fait accélérer. Le rythme est à nouveau là, inversement proportionnel à la température qui descend.
Il m’a fallu 7h00 pour parcourir ces cent derniers kilomètres, une éternité ! A l’entrée de la métropole d’Orléans, une voiture nous suit. Elle commence à nous klaxonner en nous dépassant et nous crie de grands BRAVO ! Ce sont Danielle et Dominique, membres de l’OCT. L’émotion, décuplée par la fatigue, me gagne ! Ma gorge est nouée et la larme pas très loin. Cette rencontre non voulue est géniale ! Oui, j’y suis arrivé !
Alors à la question « pourquoi faisons-nous cela ? », je pense que les raisons sont personnelles et donc à ce titre différentes. Pour ma part, ce qui prime, c’est l’immense plaisir de rouler la nuit. C’est indescriptible, c’est juste magnifique, magique ! Les sens sont décuplés, bref, j’adore !
Tous mes remerciements sont pour Joël qui, une fois de plus, m’a très gentiment accompagné. Merci au CJF pour l’organisation de tous ces brevets. Merci aussi à ceux qui ont fait avancer ma réflexion avant cette ultime inscription des BRM 2023 dont Christophe, Eric, Dominique du CJF et vous mes amis de l’OCT.
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